LE SILENCE DES BALCONS (FEAT DIMONÉ)

Dimoné nous propose une chanson qui nous invite à l’écoute du silence de la nature.

Et moi, je regarde la vie dans la ville tranquille, et vous écris ce petit texte :


« Je n’en peux plus
Je vais mourir ou faire quelque chose d’incongru
C’est une herbe qui dit ça
À moi »

Valérie Rouzeau


L’herbe. Elle est dans un pot.
Sur un balcon d’un immeuble si grand, et pourtant si uniforme qu’on dirait un miroir.
Sur chaque rangée de ces balustrades, des chaises, des plantes, des chaises et des plantes.

Pourquoi les gens aiment regarder leurs plantes pousser, tranquillement assis ?

Derrière les fenêtres, l’ombre des propriétaires de graminée en cage, tournent, et retournent, en attendant la tombée de la nuit. Ils redoutent les herbes folles qui s’épuisent la journée à tenter de sortir de terre pour marcher.
Marcher, ou s’envoler au vent. Dans le mouvement est la vie, s’imaginent-elles.

Ainsi, le long de ce bâtiment aux allures de cimetière vertical, des hommes qui bougent, s’assoient pour mourir en observant des herbes immobiles qui vivent sans réussir à se mouvoir.

Mourir de ne rien faire, ou mourir en arrachant ses racines. Tel est le choix fatal qui nous incombe. Un bref salut d’artiste, ou un longue agonie dans les coulisses.

Sur les balcons, des hommes regardent leurs pots, depuis la veille, enracinés sur leurs sièges. Ils ont pris l’aspect vermoulu que donne la brulure du froid et du temps sur les vieilles choses.
Sur les balcons, voici le lever du soleil. Le vent fait claquer les volets tel des applaudissements pour les badauds matinaux qui passent devant la barre d’habitation. Ils se tournent alors pour observer ce bruit. De leurs yeux, toute cette vie paraît devenir minérale, le bâtiment, rendu bloc de granite semble une part éternelle de la géologie de la ville.

Et du trottoir, le silence domine, mais les herbes poussent. Toujours.

 

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