LE SILENCE DES BALCONS (FEAT DIMONÉ)

LE SILENCE DES BALCONS (FEAT DIMONÉ)

Dimoné nous propose une chanson qui nous invite à l’écoute du silence de la nature.

Et moi, je regarde la vie dans la ville tranquille, et vous écris ce petit texte :


« Je n’en peux plus
Je vais mourir ou faire quelque chose d’incongru
C’est une herbe qui dit ça
À moi »

Valérie Rouzeau


L’herbe. Elle est dans un pot.
Sur un balcon d’un immeuble si grand, et pourtant si uniforme qu’on dirait un miroir.
Sur chaque rangée de ces balustrades, des chaises, des plantes, des chaises et des plantes.

Pourquoi les gens aiment regarder leurs plantes pousser, tranquillement assis ?

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DE LA LAIDEUR EN PROFONDEUR (FEAT. ALLAIN LEPREST / ZAZA FOURNIER)

DE LA LAIDEUR EN PROFONDEUR (FEAT. ALLAIN LEPREST / ZAZA FOURNIER)

Allain Leprest chante une enfance de rejet, qui commence par la laideur, le sceau de la honte et de la culpabilité, qu’on arrive jamais à laver.  Je vous invite d’ailleur à re-découvrir ce grand auteur de la chanson française.

Un petit texte de fiction pour accompagner cette idée que la laideur est une empreinte sur un visage, qui jamais ne se perd.

 


De la laideur en profondeur

Chacun sait, les yeux fermés, placer le poignard pour se faire Hara-Kiri.

Allez mon petit Tristan, appuie sur le couteau, plus fort

Tristan…Plus personne ne m’appelle comme ça. On me donne du Titi. Tout le monde me donne du Titi. J’ai plutôt l’air d’un gros minet. Mais laid. De cette mocheté qu’on n’arrive pas à définir. Un peu comme les frontières d’un pays en guerre. Avec ma gueule en guise de tranchée à des batailles qui durent depuis trop longtemps.

Quel parcours ! À l’image de mon physique de rescapé d’accident de train.

Faut se rendre à l’évidence : si la vie me donne des coups dans les côtes, c’est pour me rappeler en permanence qu’avec ma tronche de patate tuberculeuse, je vais finir de corvée d’épluchures.

Mais qu’est-ce que je peux y faire ? Déjà à l’école, on avait fini par me mettre au fond de la classe, dans l’ombre des morveux aux visages poupons. Avec ma vue de taupe, et malgré mes lunettes, j’ai dû me résigner. J’ai quand même eu le bac, avec rattrapage.

Et puis je me suis lancé dans la vie active, espérant trouver dans le monde des adultes, la clémence que la jeunesse ne m’avait pas accordé, me condamnant à moche.

On ne m’a donné qu’un travail d’employé communal. Il s’agissait de récurer les trottoirs, balayer les allées, et ramasser les crottes qui fumaient grassement dans la fraîcheur du matin. J’en garde une haine tenace contre tous les clebs. Chaque matin, je m’appliquais à repoudrer le nez et les joues de la ville, cette vieille peau qui ne fait plus bander grand monde.

Au début, je me disais que ca ne durerait pas, que je trouverais mieux, bien mieux.

Mais mon corps m’a trahi, on a le boulot qui colle à sa trogne. Et avec mon nez biscornu, mon crâne chauve et ma bedaine remplit de bière, je ne pouvais qu’échoir à ce rôle. Celui qui consiste à torcher le cul de la société, et de rester avec une odeur de merde persistante autour de soi.

C’est à ce moment-là que ca a commencé.

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L’homme qui trop…. (feat. Claudio Capéo)

Et voici une petite histoire inspirée de notre ami Claudio Capéo. Appréciez 🙂


Je la vois souvent dans ce bar. Cette femme me passionne comme un roman haletant dont on lèche le bord des pages avec excitation pour savoir la suite qui se révèle de l’autre côté.

Je crois qu’on est ensemble, mais elle ne le sait pas.

Elle boit toujours du Tropico saveur tropical. Sur la canette, des gouttes de sueur perlent lorsque sa langue touche le métal glacé. Elle boit lentement et l’on sent sur son corps les stigmates du liquide qui descend dans sa gorge et qui rejoint sa poitrine un peu à découvert sous son décolletée brulant.

Elle boit du Tropico et c’est désuet. Mais elle est si sexy qu’on lui pardonne cette anachronisme.

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Gaspard

Il y a déjà trois ans, la famille adoptait un bébé chat au pelage écailles de tortue. La petite boule de poil était si mignonne et si adorable qu’il était impossible de résister. « So cute ». dirait-on en anglais. Bah oui, un chaton quoi que sa fasse, c’est toujours mignon. Même quand ça force maladroitement avec les pattes tendues, dans la litière, c’est attendrissant. Moi-même, qui n’aime pas les chats d’ordinaire, j’ai voulu le protéger, lui apprendre des trucs qui pourraient lui servir dans la vie, comme le regard qui apitoie, et qui permet d’obtenir certaines choses : Un bon plat, des câlins, etc…

Je le considère un peu comme mon fils, celui que je ne pourrais pas avoir. Une sorte de transfert affectif inter-espèce..
Mais voilà, en 3 ans, la peluche à bien changé, et est devenue un gros chat pataud casse bonbon (qu’il n’a plus d’ailleurs, merci monsieur le vétérinaire). Et puis madame a insisté pour qu’il se nomme Gaspard. Pas vraiment un roi mage, plutôt un clochard vagabond.
Quand je regarde Gaspard, qui se nettoie les pattes, sur la table de la salle à manger, je me dis qu’il a bien de la chance d’être un chat. Ce félin domestique a réussi l’exploit d’asservir l’homme quand bien même son intelligence semble relativement ridicule. Incapable de comprendre un ordre, de suivre son maître ou de faire le beau.

Et puis cet air, plein de morgue, faussement supérieur. Le chat veut toujours se la jouer « baisse le regard », genre racaille de banlieue. Et il gagne souvent…

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